La transplantation rénale est un des traitements de la maladie rénale chronique terminale, au même titre que la dialyse.
Elle constitue la meilleure prise en charge de l’insuffisance rénale terminale car elle augmente l’espérance de vie du patient qui en bénéficie et améliore sa qualité de vie (Étude Quavi-REIN 2011).
L’histoire de la transplantation rénale
Le premier cas documenté de transplantation rénale a été effectué en 1950 aux États-Unis, chez une patiente de 44 ans atteinte d’une maladie polykystique des reins.
Le rein greffé a finalement été rejeté immédiatement, faute d’un traitement immunosuppresseur, non disponible à l’époque.
Moins de trois ans plus tard, à l’hôpital Necker, à Paris, le Professeur Jean Hamburger annonce, la survie prolongée d’un jeune patient ayant subi un traumatisme grave des reins, grâce à la greffe d’un rein de sa mère. Cette greffe est considérée comme une première française.
Indications à la transplantation rénale
Chaque patient atteint d’une insuffisance rénale chronique à un stade avancé (débit de filtration glomérulaire < 20 mL/min), quelle qu’en soit la cause, doit pouvoir bénéficier d’une évaluation par un néphrologue pour étudier l’indication d’une transplantation rénale.
Cette indication est posée en fonction des antécédents médicaux du patient et nécessite la réalisation d’examens complémentaires (bilan sanguin, scanner, évaluation cardiaque…).
En général, les patients inscrits sur liste d’attente de transplantation rénale bénéficient d’une autre technique de suppléance rénale (hémodialyse ou dialyse péritonéale) en attendant la disponibilité d’un greffon.
Toutefois, il arrive que dans certains cas, la transplantation puisse se faire avant même que la dialyse ait débuté : c’est la greffe pré-emptive.
Elle a lieu grâce à un don de rein vivant par un proche du patient.
Contre-indications à la transplantation rénale
Les contre-indications à la greffe comprennent les maladies cardio-vasculaires, pulmonaires ou hépatiques sévères car elles font courir aux patients un risque trop élevé de complications pendant et après la chirurgie.
La présence d’un cancer constitue souvent un critère d’exclusion à la transplantation.
D’où viennent les reins que l’on greffe ?
Rein de donneur décédé
La plupart des greffes rénales sont effectuées avec des reins de donneur décédé.
Si un patient décède en réanimation d’une mort encéphalique (dommage cérébral irrémédiable) ou parfois d’un arrêt circulatoire, après que la mort ait été constatée et que le certificat de décès ait été signé, l’équipe médicale veille à préserver ses organes et tissus en vue d’un éventuel prélèvement.
Pendant ce temps, l’équipe de coordination de transplantation cherche à connaître la volonté du défunt en interrogeant le « registre national des refus » ou en s’entretenant avec ses proches.
En absence de refus exprimé, des examens de sang et d’imagerie sont effectués pour s’assurer de la bonne qualité des organes et rechercher les receveurs compatibles.
Il n’y a pas de limite d’âge pour être donneur d’organes.
Le prélèvement des organes est une intervention chirurgicale effectuée par plusieurs équipes, selon les organes prélevés (chirurgien urologue, chirurgien digestif, chirurgien cardiaque, chirurgien thoracique…).
Les organes ainsi prélevés sont conditionnés à 4°C et acheminés le plus vite possible vers les hôpitaux où sont pris en charge les receveurs.
Les personnes qui le souhaitent ont la possibilité de donner l’un de leurs reins à un proche.
La loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a élargi le cercle des donneurs vivants d’organes.
Le père ou la mère, un fils ou une fille, un frère ou une sœur du receveur, son conjoint, ses grands-parents, oncles ou tantes, cousins germains et cousines germaines ainsi que le conjoint du père ou de la mère peuvent être “donneur vivant”.
Désormais, le donneur peut également être toute personne apportant la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans avec le receveur ainsi que toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.
Le donneur est alors soigneusement évalué tant sur le plan médical (examen clinique, bilan sanguin, examens radiologiques) que sur le plan psychologique.
On s’assure que le donneur est en mesure de bien supporter l’intervention chirurgicale et ses conséquences à moyen et long terme. On vérifie également qu’il ne souffre d’aucune maladie
transmissible qui constituerait un risque pour le receveur. Le don de rein reste un geste gratuit et librement consenti.
En France, le don croisé est autorisé, sous le principe de l’anonymat.
Les dons purement altruistes envers une personne inconnue ne sont pas autorisés en France, mais le sont dans d’autres pays du monde.
Depuis quelques années, les médicaments anti-rejet sont devenus encore plus efficaces, si bien que les donneurs n’ont plus besoin d’être génétiquement semblables au receveur. Il arrive même que
l’on transplante un rein de groupe sanguin différent. On parle de greffe « ABO incompatibles ».
Technique
Dans la plupart des cas, les reins natifs du receveur sont laissés en place.
Le rein greffé est placé le plus souvent dans l’une des deux fosses iliaques. En général le rein du donneur est placé du côté controlatéral chez le receveur (par exemple un rein gauche serait en fosse iliaque droite).
L’intervention dure 3 à 4 heures en moyenne, sous anesthésie générale.
Qu’est-ce qu’une transplantation combinée ?
En cas de défaillance de plusieurs organes vitaux, on peut avoir recours à une transplantation combinée qui consiste à greffer plusieurs organes d’un même donneur à un receveur.
Par exemple :
• Transplantation rein et pancréas chez un patient diabétique de type 1
• Transplantation rein et poumons chez un patient atteint de mucoviscidose
• Transplantation cœur et rein
Quelles sont les complications après une greffe rénale ?
Pour que la greffe fonctionne, il faut que le corps du receveur accepte le greffon et ne le « rejette » pas.
Le rejet de greffe est donc une des principales complications de la transplantation. Il correspond à une destruction plus ou moins rapide du greffon (rejet suraigu, aigu, chronique) par les cellules du système immunitaire du receveur.
La seule solution pour accepter ce nouvel organe est donc de « diminuer » le système immunitaire du receveur grâce aux médicaments anti-rejet = traitement immunosuppresseur.
Mais ces traitements ne sont pas dénués d’effets secondaires. En diminuant les défenses immunitaires, ils favorisent :
– Les infections virales et bactériennes
– Les tumeurs cancéreuses (cancer des organes solides ou des globules blancs)
Ces complications sont donc prises en charge en adaptant les traitements immunosuppresseurs soit en les augmentant (en cas de rejet) soit en les diminuant (infections, tumeurs cancéreuses).
Quelle est la durée de vie d’un rein greffé ?
La durée de vie moyenne d’un rein greffé est de dix à quinze ans.
Quand le greffon devient non-fonctionnel, selon les autres antécédents médicaux du patient, il est tout à fait possible d’envisager une seconde transplantation.
Néanmoins, il est souvent nécessaire d’être pris en charge en dialyse en attendant qu’un nouvel organe soit disponible.